Comme évoqué plus tôt, les opérations massives de rafles qui ont visé les Tsiganes en Belgique ont été menées principalement par les autorités allemandes, et ce bien que les autorités belges avaient reçu l’ordre d’assurer ces arrestations. Il peut être avancé que l’administration belge n’a pas directement participé aux rafles et à la déportation. Par contre, force est de constater que le fichage systématique des Tsiganes en tant que « nomades étrangers de nationalité indéterminée » a hautement contribué à leurs arrestations :

« S’il ne fait aucun doute que la politique belge à l’encontre des Tsiganes a permis aux occupants allemands de les arrêter et de les déporter plus facilement, il faut néanmoins souligner que les autorités belges n’ont pratiquement pas été impliquées sur le terrain, tant au niveau national que local » (Heddebaut, 2018, 91).

En Belgique, tout comme en France, le système administratif distinct dont les Tsiganes faisaient l’objet avant l’occupation allemande a permis aux nazis de les déloger sans trop de difficultés, en collectant les informations auprès des autorités locales :

« Tout porte à croire que l’échelon décisionnaire de ces arrestations se trouve en préfecture, qu’il a disposé de relais efficaces dans les commissariats, côté français, sans passer par les maires dans la mesure du possible. Côté français, les autorités municipales – Roubaix, Lille, Flers-en-Escrebieux, Hénin-Liétard – et côté belge – Tournai, Maaseik, Hasselt – ne connaissaient pas les motifs des rafles et se limitent à conduire les autorités allemandes et les forces de police au domicile des intéressés » (Heddebaut, 2018, p. 94).

Heddebaut précisera le rôle particulier joué par les commissariats de police, en Belgique et en France :

« (…) il est évident que la police a joué un rôle actif en amont, par sa connaissance des lieux et des habitudes des Tsiganes. Ceux qui ont procédé aux arrestations ont effectué des recherches préalables, les dossiers relatifs aux carnets anthropométriques pouvant être d’une aide précieuse » (Heddebaut, 2018, p. 94).

« Qualifiés d’asociaux, de réfractaires, de rebelles, de nomades ou de Romanichels, les Tsiganes entrent dans des catégories diverses. Leur sédentarisation récente, comme à Roubaix ou à Hasselt, n’a pas suffi à les faire échapper aux rafles : cela montre toute la difficulté pour quitter les catégories administratives imposées par la loi de 1912 en France, par la Sûreté publique en Belgique, et utilisées par les Allemands. On ressent à la lecture des archives françaises et belges que les autorités ont saisi l’opportunité de se débarrasser d’une population trop voyante, mal ou pas intégrée, jamais vraiment en règle, pratiquant un mode de vie différent des normes communes » (Heddebaut p.99).


Références :

  • Heddebaut, M., (2018). Des Tsiganes vers Auschwitz. Le convoi Z du 15 janvier 1944. Editions Tirésias.
  • Gotovitch, J., (1976). Quelques données relatives à l’extermination des Tsiganes. Cahiers d'Histoire de la seconde guerre mondiale, IV, 1, pp. 161-180.