Sur les 30 000 Tziganes internés à Auschwitz, il n'y eut que 3000 survivants. Dans les autres camps, des dizaines de milliers moururent de faim, de maladie, d'épuisement par les travaux forcés. Aux victimes des camps de concentration, il faut ajouter les massacres perpétrés par  l'armée allemande et les unités de la SS et de la police au cours de leurs conquêtes. Ainsi, dans les Pays baltes et en Union soviétique, les « Einsatzgruppen » et d'autres unités mobiles d'extermination exécutèrent au moins 30 000 Tsiganes. Dans leur travail de répression et d'extermination, les nazis furent aidés dans les pays occupés par les autorités locales. C'est notamment ainsi que de nombreux Tsiganes ont été rassemblés à Malines, à la caserne Dossin, avant d'être déportés à Auschwitz. Autre exemple frappant, qui témoigne de l'attitude ambivalente des politiques nationales en pays occupés : en France, des Gens du Voyage sont restés internés dans le camp de Montreuil plus d'un an après la libération (mai 1946). 

En France, un hommage national a été rendu aux « nomades » internés pendant la guerre, au cours duquel le Président Hollande a reconnu la responsabilité de la IIIème république dans l'assignation à résidence qui précédera la déportation. En Belgique par contre, ce crime contre l'humanité reste peu connu et très peu enseigné ou même mentionné dans les programmes scolaires. A notre connaissance, ce projet de recherche serait le premier mené en Fédération Wallonie-Bruxelles avec l'ambition de constituer une information fouillée et détaillée sur ces persécutions en Belgique francophone, ainsi que de recueillir et diffuser des témoignages de témoins directs ou indirects de ces persécutions.

A l'heure actuelle, et à travers toute l'Europe, le crime contre l'humanité perpétré à l'encontre des Gens du Voyage (appelés Tsiganes à l'époque) durant la seconde guerre mondiale reste un pan de l'histoire méconnu et très peu enseigné.  Aujourd'hui, un climat de persécution et de rejet se développe à nouveau. Et il ne s'agit pas là d'incidents isolés en Hongrie ou dans les Balkans, mais bien d'une tendance qui se déploie aussi en France ou en Belgique (incendies criminels sur des terrains de Gens du Voyage, …).

C'est ce qui rend d'autant plus nécessaire et urgent de raconter l'histoire de la persécution tsigane, ainsi que d'identifier les étapes et processus qui ont permis aux nazis de mettre à exécution leur dessin mortifère.  Si en France, ce travail de reconnaissance et de mémoire a commencé, il semble qu'il n'existe encore en Fédération Wallonie Bruxelles aucun travail de mémoire de ces événements au sein des familles de Belgique francophone.

Ce projet vise à entamer un travail de mémoire en 4 axes :

-        Recherche documentaire et historique sur les persécutions perpétrées en Belgique francophone pour mettre en évidence le contexte historique et le processus qui a mené à ce crime contre l'humanité ; afin notamment de contribuer à empêcher que ces persécutions ne resurgissent.

-       Recueil de leur témoignage sous format audio ou vidéo. Il s'agit de faire en sorte que, les années passant, les témoignages permettant la mémoire de ces événements ne disparaissent pas mais au contraire, soient valorisés et conservés.

-          Montage audio et vidéo de ces témoignages et diffusion de ces capsules sur le site internet spécifiquement dédié.


www.memoirestsiganes.be