Le Zigeunerlager, camp des familles tsiganes
Le 16 décembre 1942, Himmler ordonnait la déportation de tous les Tsiganes vers un camp de concentration, et plus précisément vers Auschwitz. Suite à cette décision, le "camp des Tsiganes" (Zigeunerlager, aussi appelé camp des familles) a été ouvert au sein d'Auschwitz Birkenau, où il a été opérationnel pendant 17 mois. La déportation des Tsiganes a commencé en février 1943, jusqu'en juillet 1944, emmenant vers le camp de la mort des Tsiganes originaires des quatre coins de l’Europe, et notamment d'Allemagne, d'Autriche, de République Tchèque, de Pologne, de France, de Hollande, de Yougoslavie, de Belgique, de Russie, de Lituanie et de Hongrie. Il y eu même certains Tsiganes de Norvège et d'Espagne [1].
Ces déportés ont tous été rassemblés dans la zone du Zigeunerlager, dite zone « BIIe ».
Les Gens du Voyage entre la nuit et le brouillard : interview de l'historienne Monique Heddebaut
Mme Heddebaut lors de la conférence organisée par le Centre de médiation des Gens du Voyage (www.cmgv.be et www.memoirestsiganes.be) : "Les Gens du Voyage entre la nuit et le brouillard". Mons, samedi 4 mai 2019 à 14h30.
Les Tsiganes face à la sûreté publique belge
Dans son ouvrage « La sûreté publique belge face aux Tsiganes étrangers », l’historienne France Nezer a investigué les politiques mises en place à l'égard des Tsiganes en Belgique, de 1858 à 1914. On y découvre que les populations Tsiganes, quelle que soit leur provenance, étaient à la charge de l’administration de la Sûreté publique, alors organe central de la Police des Etrangers.
France Nezer révèle aussi qu’au fil des années, et indépendamment des changements de politiques les concernant, les mesures prises à l’encontre des Tsiganes pendant la période étudiée ont été caractérisées par un objectif d’expulsion et par des pratiques de renvoi aux frontières. Au cœur de ces revendications d’expulsion : le mode de vie mobile des Tsiganes, qualifié d'errance, supposé mettre en danger le bien-être et l'ordre public. « Tout au long de la période investie par cette étude, les responsables qui se succèdent à la tête de l'administration de la Sûreté publique motivent la nécessité de débarrasser le sol belge des Tsiganes étrangers en proférant de vives critiques à l'encontre de leur mode de vie singulier et de leurs mœurs déloyales » (Nezer, 2011, p. 84).
Témoignage : Mr Modest
M. Modest lors de la conférence organisée par le Centre de Médiation des Gens du Voyage (www.cmgv.be et www.memoirestsiganes.be) : "Les Gens du Voyage entre la nuit et le brouillard". Mons, samedi 4 mai 2019 à 14h30.
Background : historique des persécutions
Si le traitement des Tsiganes pendant la deuxième guerre mondiale commence aujourd’hui à faire l’objet d’une reconnaissance officielle, beaucoup ignorent que ces persécutions se sont inscrites dans une longue histoire de rejet et de discriminations perpétrées à l’encontre des communautés tsiganes d’Europe.
Historiquement, les premières traces de l’arrivée des Tsiganes en Europe orientale remontent au XIIe siècle. Lorsqu’aux alentours du 15ème siècle, les Tsiganes ont atteint l’Europe occidentale en nombre, les populations locales les ont généralement accueillis avec bienveillance, et avec un mélange de curiosité et d'amusement. Cependant, cette hospitalité ne fit pas long feu, car leur itinérance a rapidement inquiété les autorités locales. Il faut savoir qu’à l’époque, la migration était acceptée tant qu'il ne s’agissait pas d’un mode de vie : elle devait être temporaire et structurée, et faisait déjà l'objet d'un certain contrôle. « Seule la migration englobée dans une structure institutionnalisée, comme les pèlerinages, le compagnonnage ou le travail saisonnier, est admise. Les autres voyageurs, dépourvus d’un tel ‘alibi’, sont considérés comme des vagabonds et des gens sans aveu. Bientôt, les Tsiganes sont répertoriés dans la catégorie des vagabonds nuisibles à l’ordre public et sont traités en conséquence » (Nezer, 2011, p. 26).
François Hollande reconnaît la responsabilité de la France dans l'internement des Tsiganes durant la Seconde guerre mondiale
70 ans après la libération des dernières familles nomades internées, le chef de l'Etat a reconnu que "dans ce drame, la responsabilité de la France est grande".
29 octobre 2016 – Huffington Post - (voir la vidéo)
Par Alexandre Boudet
HISTOIRE - "La République reconnaît que sa responsabilité est grande dans ce drame." A l'occasion d'un hommage national aux Tsiganes internés pendant la Seconde guerre mondiale, François Hollande a fait un pas décisif dans la reconnaissance du drame qu'ont subi les populations nomades. Exactement 70 ans après la libération des dernières familles, le président de la République s'est rendu, samedi 29 octobre, à Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire) qui était l'un des plus importants camps d'internement. L'un des seuls duquel il reste des vestiges.
Durant la Seconde guerre mondiale, 500.000 tziganes ont été tués et environ 6500 ont été enfermés en France dans l'un des 31 camps gérés par les autorités françaises. C'est la responsabilité de la France dans ces agissements que François Hollande a donc dénoncé (voir la vidéo ci-dessus).
Il conclut un processus entamé en juillet 2010, par celui qui était alors secrétaire d'Etat aux Anciens combattants. Hubert Falco avait évoqué cette responsabilité lors d'une "Journée nationale de la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l'État français". "Le jour est venu et il fallait que cette vérité soit dite", a insisté le président de la République.
Le cas particulier de familles tsiganes norvégiennes en Belgique
Bien que la Belgique et les départements Nord et Pas-de-Calais formaient alors une entité (la « Zone rattachée à Bruxelles »), la frontière entre la Belgique et la France est restée en place, où les allées et venues entre les deux pays étaient strictement contrôlés. Comme cela se passait alors dans de nombreux pays d’Europe de l’Ouest, les étrangers, Tsiganes et apatrides se voyaient régulièrement refoulés à la frontière.